surviving in Vegas

A tous ceux qui ont eu la chance de rester dans la grisaille parisienne, ou le brouillard belge, et qui viennent lire ce blog régulièrement pour se dire qu'au final, y a bien pire ailleurs, ce message vous est adressé. Et je peux d'ores et déja vous rassurer, vous avez raison. Ce ne sont que des racontards, La vie ici est loin d'être aussi facile et agréable qu'on dirait. Parmi les corvées quotidiennes, se lever tous les matins, vers 14h, devoir choisir une chemise différente de la veille, décider à quel buffet on va encore devoir aller manger aujourd'hui, se connecter sur msn pour voir si les autres sont réveillés et ont déja choisi quelle chemise ils allaient porter, puis aller jouer 2h au poker dans des casinos flambants neufs contre des touristes en mal de sensations et qui finissent par nous donner tout le papier vert qu'ils ont amené .. mais à quoi ca peut bien servir ces trucs ?.. Honnètement, c'est éreintant à force, et je me demande combien de temps on peut tenir à ce rythme sans craquer nerveusement. Je vous épargnerai les jérémiades sur la chaleur, le soleil, et les piscines qui ont du mal à monter au delà de 29°c, mais vous pouvez déja avoir une bonne vue d'ensemble de la punition que c'est de devoir passer 3 semaines ici en exil entourés de gens qui ne parlent même pas notre langage. D'ailleurs moi je voulais pas venir ici. J'avais décidé d'aller construire un hopital au Sierra Leone, et de creuser des puits pour la croix rouge tout l'été. Manu est arrivé à me convaincre de venir en me faisant miroiter des associations humanitaires en déperdition et des orphelinats qui avaient besoin de bénévoles.. Si j'avais su ce qui m'attendait ici... Quel supplice quotidien que de devoir déambuler dans la rue au milieu de ce cortège de filles bronzées et siliconées avec comme seul échappatoire visuel des palaces 5 étoiles à perte de vue..





Des décorations tape à l'oeil plein la rue, toutes plus fausses les unes que les autres, ahlala, où est cette bonne vieille fontaine de la place Saint Michel quand on a besoin d'elle pour se remonter un peu le moral ?



A l'image des gens, la végétation est aussi des plus bizarres ici, pas moyen de trouver un de ces bons vieux platanes, ou encore un buisson de ronces pour se jeter dedans.. non, à l'infini, toujours le même paysage chaotique de cette végétation mutante, des espèces d'ananas géants déposés en haut de tiges démesurées. Faut quand même être sacrément taré pour inventer un truc comme ça.



Je préfère arréter de parler de tout ça, je me sens déja mal rien que de me remémorer tous ces passages difficiles que j'ai essayé de mettre derrière moi.. Non vraiment je vous jure, on est pas à envier ici.. tiens d'ailleurs encore à l'instant, ça toque à la porte, et on me dérange pour venir faire mon lit et nettoyer ma chambre. Y a moyen d'avoir la paix cinq minutes dans cet enfer ?

Mais ça n'est pas le pire, si encore il ne fallait vivre que le jour, peut être qu'on arriverait à force d'abnégation, à se faire une raison.. mais non, ce n'est que la partie visible de l'iceberg de notre fardeau.. le cauchemar continue la nuit, et croyez moi, c'est quelque chose que vous n'avez pas envie de vivre.. Tous les soirs, tous les soirs.. devoir sortir, encore être forcé à boire des cocktails de couleurs toutes plus bizarres les unes que les autres dans des casinos qui vous offrent les boissons pour vous pousser à la consommation, constamment des rues et des bars bondés, quelle que soit l'heure .. et systématiquement plus tard dans la soirée, des filles qui finissent par vous danser sur les genoux encore et encore.. et comme d'habitude, elle va encore vouloir se déshabiller.. qu'est ce que vous voulez que je fasse ? Si ça lui fait plaisir, je la laisse faire, elle a l'air d'aimer ça, et j'ai l'âme charitable, sympa comme je suis, je lui glisserai même un billet à la fin pour nourrir son enfant qu'elle doit élèver seule, la pauvre. Mais que ca ne se reproduise pas, je voudrais pas qu'elle s'y habitue. Mais qu'est ce que je leur ai fait pour qu'elles soient comme ça avec moi ??


Mon dieu, faites que ça s'arrète...

Bref, je crois que vous aurez compris que je ne souhaite à personne d'échouer dans cet ilot de déperdition, où tout n'est qu'artificialité, exploitation, et boule de suif (j'avais juste envie de caser ce mot, c'était ça ou monstroplante). Vivement qu'on rentre à Paris, c'est pas une vie ici.

Sur ce, je retourne dans le jacuzzi.